Le PCC confie aux responsables locaux du Parti la responsabilité de surveiller les croyants et d’éradiquer les groupes religieux indésirables.
Tang Wanming
Les autorités des comtés, communes et villages de la Chine sont forcées de signer ce que l’on a appelé les « Déclarations de responsabilité religieuse », dans lesquelles elles s’engagent à être personnellement coupables de toute défaillance dans la répression des croyants. D’après les informations récemment obtenues, cette initiative, qui vise à intensifier le contrôle des religions au niveau local, est en cours de mise en place dans les provinces du Fujian, du Jiangxi et du Hebei, ainsi que dans d’autres localités du pays.
Déclaration de responsabilité religieuse pour l’année 2019 émise par une localité de la ville de Quanzhou dans la province du Fujian.
Le contenu de ces déclarations de responsabilité ne présente qu’une légère différence d’une région à l’autre, mais celles-ci ont en commun deux engagements majeurs : éradiquer tous les lieux de culte qui n’entrent pas dans la liste des lieux de culte approuvés par l’État, et recueillir des informations à caractère religieux.
Éradiquer tous les lieux de culte non officiels
Déclaration de responsabilité religieuse à l’intention des autorités publiques d’une ville de la province du Jiangxi.
Chaque responsable, qu’il soit secrétaire du Parti dans un village ou dans une commune, responsable local du PCC en charge des affaires religieuses ou autre, est tenu de s’assurer qu’au sein de sa juridiction, aucun nouveau lieu de culte privé ne soit créé, et qu’aucun nouveau rassemblement ne se tienne dans les lieux qui ont été fermés. D’après cette déclaration, le nombre de croyants doit être contrôlé et aucun rituel religieux ni cérémonie religieuse ne doit être observé pendant les funérailles ou les cérémonies de mariage.
Les groupes désignés comme des xie jiao et toute activité organisée par les groupes religieux étrangers sont strictement interdits et doivent être éradiqués. Certaines déclarations de responsabilité exigent d’empêcher les populations venues d’autres régions de Chine d’organiser leurs activités religieuses au sein de ces localités.
Enregistrement immédiat et détaillé des informations à caractère religieux
Les déclarations de responsabilité exigent, dès lors qu’un résident religieux est identifié, ’que lui soit ouvert sans délai un dossier en « enregistrant les informations sur les croyants et en intégrant celles-ci dans des dossiers de gestion des informations ». Les autorités sont invitées à mettre à jour régulièrement les données de chaque croyant enregistré.
En outre, le statut des lieux de culte approuvés par l’État, y compris du clergé, toutes leurs activités et la gestion financière, doivent être enregistrés de manière continue. Le responsable est également tenu de rendre fréquemment visite à chaque croyant, de suivre son statut idéologique pour s’assurer que des groupes religieux non officiels ne s’y sont pas infiltrés.
Une déclaration de responsabilité d’un village de la province du Jiangxi, au sud-est de la Chine, stipule que « chaque lieu de culte doit nommer un instructeur, et chaque commune doit désigner trois à cinq agents de renseignement jouissant d’un haut niveau de conscience politique ». Toutes les informations à caractère religieux qu’ils recueillent doivent être immédiatement communiquées à leurs supérieurs hiérarchiques.
Les déclarations de responsabilité prévoient des sanctions pour les autorités qui ne s’acquittent pas de leurs obligations professionnelles. En cas de détection d’un nouveau lieu de culte en construction, de modification et de reconstruction d’un lieu existant sans autorisation, ou de reprise des rassemblements d’une église de maison fermée, le responsable sera dénoncé aux hautes autorités, fera l’objet d’une réprimande et pourrait être frappé d’une amende. Dans certains cas signalés, les peines varient de 500 RMB (environ 65 €) d’amende pour n’avoir pas arraché des couplets religieux de la maison d’un croyant jusqu’au licenciement d’un secrétaire du Parti du village pour avoir refusé de retirer des statues bouddhistes. Des sanctions plus sévères sont envisagées si un lieu de culte s’avère être « infiltré par des forces étrangères ».