Les autorités de la province du Hainan ont détruit un vieux cimetière ancestral de 500 ans situé sur une colline, et lorsque les villageois défendant leurs droits se sont heurtés à la répression et aux saisies forcées des autorités, celles-ci ont travesti les faits, alléguant plutôt que « les villageois ont approuvé la délocalisation des tombes ».
Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité, ont affirmé les villageois.
Le 30 juin, la chaîne de télévision publique qui émet dans le comté autonome de Changjiang Li, province du Hainan, la province la plus petite et la plus au sud de la Chine, a diffusé un reportage fortement médiatisé qui faisait état de ce que les autorités ont rasé le « dernier kilomètre » des tombes situées sur la colline en les délocalisant d’une section de la route du village de Laohong, ville de Chahe, dans le but d’y construire une autoroute touristique.
« Les différents départements du comité du parti du comté de Changjiang ainsi que les cadres de la municipalité et du village ont discuté patiemment avec les villageois à plusieurs reprises et après avoir écouté patiemment et minutieusement les villageois de Laohong, ils ont allégé leurs soucis et ont gagné leur soutien et leur compréhension », révèle le rapport. « Plus de 70 ménages du village ont volontairement coopéré pour la délocalisation de plus de 600 tombes, tandis que plus de 80 tombes qui n’ont pas été délocalisées et qui appartiennent à une vingtaine de ménages seront aménagées pour les enterrements conformément aux réglementations gouvernementales ».
Le reportage diffusé par la télévision du comté de Changjiang :
Vidéo filmée par des villageois :
Par conséquent, le matin du 27 juin, près de 1 000 individus (envoyés par les autorités de 14 départements, y compris la police régulière et la police antiémeute) sont entrés dans le vieux cimetière ancestral du village de Laohong et s’en sont pris à plus de 200 villageois qui protégeaient les tombes.
Après que la police a tiré des bombes fumigènes sur les villageois, la police antiémeute a envahi le cimetière et a évacué de force les villageois de la scène chaotique. Le cimetière situé sur la colline était enveloppé de fumée, ce qui bloquait la visibilité de la route et a fait perdre connaissance à plusieurs villageois. Un villageois battu par la police avait le corps tout tuméfié et violet. D’autres villageois sans défense ont tenté de fuir, et lorsqu’ils l’ont fait, la police a mis quatre chiens policiers à leurs trousses ; deux d’entre eux ont été mordus, dont une personne handicapée. Cinq personnes ont été blessées après que des officiers ont tiré des bombes fumigènes sur les villageois ; l’une d’elles, atteinte à la tête, a été grièvement blessée. Neuf villageois au total ont été arrêtés et huit ont été placés en détention. La police a également saisi douze motos et cyclo-pousses appartenant aux villageois.
La police a tiré des bombes fumigènes et a lancé des chiens aux trousses des villageois :
Les autorités ont également installé des caméras de surveillance sur les routes et dans les arbres du village de Laohong, elles ont fait voler des drones pour fouiller depuis le ciel et ont dépêché des véhicules pour effectuer des patrouilles et surveiller le village 24 heures sur 24. Pour couronner le tout, les téléphones des villageois sont surveillés et la police en soudoie même certains pour qu’ils dénoncent ceux qui se sont opposés à la délocalisation. Les villageois ont dû fuir partout et certains sont incapables de rentrer chez eux.
Sur plus de 20 villageois de Laohong qui ont été arrêtés par la police, six sont toujours en détention. Les 3 et 4 août, leurs familles ont reçu des avis d’arrestation émis par le bureau du procureur du comté autonome de Changjiang Li, portant des accusations fallacieuses « d’outrage aux autorités publiques ». Ces six villageois encourent des peines de prison ; au moins 200 autres villageois sont toujours en fuite. Les seules personnes qui restent dans le village sont presque toutes des enfants et des personnes âgées.
Selon les villageois, les autorités locales retiennent les informations et refusent de laisser les étrangers entrer. Les autorités envisagent d’arrêter tous les villageois en fuite dans les deux mois et de leur demander de signer un « accord de délocalisation des tombes » attestant de « leur approbation ».
Reportage : Lin Yijiang