Source : Rapports directs d’Italie
Le 27 juin, la Cour de Justice de Pérouse, en Italie, a publié deux arrêtés, numérotés 462/2018 et 459/2018, accordant le statut de réfugié à deux femmes membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant, un nouveau mouvement religieux chrétien chinois, et annulant les décisions de la Commission locale des réfugiés qui avait rejeté la demande d’asile.
L’arrêté 462 est particulièrement important, car il décrit comme « crédible, complet, cohérent et détaillé » le récit des tortures subies par la demandeuse d’asile sur le « banc du tigre ». Le système est très couramment utilisé en Chine. Les prisonniers sont menottés à un banc en métal de manière à maintenir leurs jambes repliées vers le haut pendant une période prolongée. S’ils se débattent, leurs menottes se resserrent.
L’arrêté 462 évoque également les trois motifs de rejet de la demande d’asile par la Commission locale. Tout d’abord, la Commission n’était pas persuadée que les membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant sont sujets à des arrestations et à des privations de liberté en Chine pour le simple fait d’appartenir à cette Église. La Cour note que cela est bel et bien le cas, car « l’article 300 du Code pénal chinois punit d’une peine de prise de prison comprise entre trois et sept ans » les personnes actives au sein d’un xie jiao (que la Cour italienne traduit par « sectes superstitieuses », bien que la traduction « enseignements hétérodoxes » serait plus exacte). La Cour note avec justesse que l’Église de Dieu Tout-Puissant a figuré sans interruption sur la liste « régulièrement mise à jour » des xie jiao depuis 1995
Ensuite, la Commission a trouvé peu crédible le récit de la réfugiée selon lequel elle avait été convertie par sa mère, en se basant sur des articles dans les médias décrivant l’Église de Dieu Tout-Puissant comme anti-famille. La Cour s’appuie sur des recherches du rédacteur en chef d’Bitter Winter, Massimo Introvigne, qui démontrent qu’en réalité, les conversions à l’Église de Dieu Tout-Puissant par le biais de parents sont très courantes.
Enfin, la Commission a affirmé que, si elle était vraiment persécutée, la demandeuse d’asile n’aurait pas dû obtenir de passeport. La Cour s’est appuyée sur des opinions d’experts pour objecter qu’en réalité, « les systèmes de contrôle chinois ne sont pas infaillibles et que la corruption est très répandue ».
En se basant, une fois encore, sur des études universitaires récentes et citant Massimo Introvigne, l’arrêté dresse une description exacte de la situation de l’Église de Dieu Tout-Puissant en Chine : « Les persécutions contre les membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant sont bien documentées. Il y a eu des milliers d’arrestations et des dizaines de cas de tortures et de morts dans des circonstances suspectes. Nous comprenons que la destruction des xie jiao est une priorité pour les autorités chinoises et que des récompenses monétaires sont offertes à ceux qui en dénoncent les membres afin de permettre à la police de les arrêter.
L’arrêtée 459, émis par le même juge, reprend les mêmes arguments, à l’exception près que ce cas n’impliquait pas de tortures. En effet, la protection a été accordée sans que la demandeuse d’asile n’ait été personnellement persécutée, bien que son père ait été arrêté et battu pour son appartenance à l’Église de Dieu Tout-Puissant et que la même chose soit arrivée à un ami qui lui avait recommandé de quitter la Chine au plus vite, ce qu’elle a fait.
Lire l’Arrêté 462 et l’Arrêté 459 (en italien)
Lire l’Arrêté 462 et l’Arrêté 459 (traduit en anglais)