Le Dr Cristina Calvani, qui a obtenu son diplôme en soutenant le tout premier mémoire sur les réfugiés de l’Église de Dieu Tout-Puissant, s’entretient avec Bitter Winter de leur situation juridique en Italie et des raisons pour lesquelles il est souvent difficile de leur donner le droit d’asile
Massimo Introvigne
Le Dr Cristina Calvani a soutenu avec succès le 29 octobre 2018 un mémoire en anthropologie sociale délivré par l’Université de Pérouse et portant sur « Les demandeurs d’asile chinois en Italie au titre de persécutions religieuses : l’Église de Dieu Tout-Puissant ». Le mémoire de Cristina Calvani, qui équivaut à un mémoire de licence (qui, en Italie, permet au diplômé d’utiliser légalement le titre de « docteur »), est le premier ouvrage universitaire au monde qui explore les difficultés rencontrées par les réfugiés de l’Église de Dieu Tout-Puissant. Ses recherches ont des implications qui vont bien au-delà de l’Italie, puisque les réfugiés chinois sont confrontés à des difficultés similaires dans un certain nombre d’autres pays.
Le système italien de prise en charge des demandeurs d’asile passe d’abord (ou plutôt passait puisqu’une nouvelle loi va bientôt entrer en vigueur et modifier la situation actuelle) par les dénommés hotspots et le Système de protection pour demandeurs d’asile et réfugiés (SPRAR). Pouvez-vous expliquer son fonctionnement et les raisons pour lesquelles ce système a été critiqué ?
Le processus d’accueil des réfugiés en Italie repose sur deux niveaux. Le premier niveau d’accueil est mis en place dès l’arrivée du demandeur d’asile sur le sol italien. On accompagne le réfugié vers une structure spécifique du nom de « hotspot » qui a été créée en Europe pour soutenir et alléger la tâche des pays exposés à d’importants flux migratoires. À l’intérieur des hotspots, les réfugiés sont rapidement identifiés et enregistrés, on prend leurs empreintes digitales et on réalise aussi un bilan de santé. On informe les réfugiés de leurs droits et évidemment de la possibilité qu’ils ont de formuler une demande de protection internationale.
Le second niveau du processus d’accueil est (ou était) le dénommé SPRAR qui consiste en une série de services à destination des réfugiés, comme, par exemple, des repas et un hébergement, des conseils juridiques, une médiation linguistique et culturelle, une orientation sociale et professionnelle, afin de les aider à devenir autonomes aussi vite que possible.
Malheureusement, le système des hotspots et des SPRAR ne fonctionne pas toujours complètement, essentiellement par manque de personnel ayant les compétences linguistiques spécifiques requises pour ces situations. Par exemple, ces structures ne sont pas préparées à gérer la situation des Chinois qui arrivent en Italie par avion. Il arrive souvent que les SPRAR ne disposent pas de fonds et ce sont les ONG qui prennent alors le relais, mais parfois, le nombre de demandeurs d’asile est trop élevé, si bien que les ONG ne peuvent pas les prendre en charge. Et, comme vous l’indiquiez, le rôle du SPRAR sera encore réduit par la nouvelle législation. Seuls ceux qui auront déjà obtenu la protection internationale seront habilités à recourir aux services du SPRAR. Les autres seront conduits dans des « centres de réception » ordinaires pour migrants.
Dans votre mémoire, vous faites allusion à des problèmes de traduction pour les demandeurs d’asile chinois ? À quel point est-ce problématique ?
Au cours des entretiens que j’ai menés dans le cadre de mon mémoire, les acteurs de l’ONG « A Buon Diritto » ont évoqué les nombreux problèmes auxquels ils ont été confrontés en prêtant assistance aux demandeurs d’asile chinois. Les problèmes de communication et de langue sont certainement les plus conséquents. Par exemple, ils m’ont raconté une situation particulière où ils ont dû utiliser le logiciel de traduction de Google pour compenser leur manque de connaissance du chinois, et nous savons tous que Google Translate n’est pas ce qu’il y a de plus fiable en matière de traduction. Le résultat était très drôle parce que Google a traduit le mot « asile » par « hôpital psychiatrique » en italien (sens qui existe en anglais comme en italien). La traduction finale des propos d’un réfugié de l’Église de Dieu Tout-Puissant qui étaient : « Je demande l’asile en Italie pour des raisons religieuses » a donné dans la traduction de Google : « Je recherche un hôpital psychiatrique religieux en Italie. » Très drôle, en effet, mais également fort préoccupant en raison de l’inadaptation totale des acteurs italiens dans la gestion des requêtes formulées par les demandeurs d’asile chinois pour des motifs religieux, phénomène nouveau en Italie. Leur arrivée sur notre territoire a pris de court tous ceux qui travaillent dans le domaine de l’accueil des étrangers, essentiellement pour des raisons linguistiques.
Vous faites allusion au nombre croissant de demandeurs d’asile en provenance de Chine. Quelle est l’importance de cette tendance ?
La présence en Italie de demandeurs d’asile pour des motifs religieux est un phénomène récent. Toutefois, depuis 2015, année où cet afflux a commencé à apparaître, leur nombre a connu une forte croissance. Le rapport sur les tendances mondiales du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés estime que le nombre de demandeurs d’asile chinois en général avait déjà quintuplé entre 2010 et 2015. Malgré les problèmes liés à l’interprétation de ce phénomène, le nombre de Chinois ayant obtenu le statut de réfugié en Italie a également augmenté entre 2011 et 2016, ce qui est un signe clair que l’Italie avait pris conscience de la question. Cependant, les chiffres les plus récents montrent un important renversement de la tendance, en soulignant le fait qu’au cours des deux dernières années, 88 % des demandes ont été déboutées par les commissions. Cela signifie que seul un demandeur d’asile chinois sur dix obtient une forme de protection ou une autre. Par conséquent, le nombre de demandeurs d’asile chinois diminue, peut-être parce qu’ils sont découragés par les refus fréquents et préfèrent rester clandestinement en Italie plutôt que de demander l’asile. En fait, en 2017, dans les statistiques officielles, les Chinois font partie de la catégorie « autres », comme s’ils étaient un élément résiduel. Ces derniers chiffres sont en effet significatifs : certains des avocats que j’ai interrogés considéraient que la cause principale des refus résidait dans les graves insuffisances des commissions et leur réticence à examiner les problèmes en profondeur. D’autres estiment que des directives politiques spécifiques en sont la cause réelle, en se basant sur l’idée générale du gouvernement selon laquelle l’Italie accueillerait déjà trop de réfugiés.
En quoi la prise en charge des demandeurs d’asile chinois est-elle d’une certaine façon plus difficile pour les autorités italiennes que celle de réfugiés fuyant d’autres pays ?
Les avocats et les acteurs des ONG rencontrent plus de difficultés avec les demandeurs d’asile originaires de Chine essentiellement parce que la Chine d’avant 2015, année au cours de laquelle on a pris conscience en Italie du flux migratoire des demandeurs d’asile chinois pour des motifs religieux, était en quelque sorte inconnue des autorités en charge des réfugiés, bien que quelques Chinois aient obtenu la protection internationale. En fait, pour elles, l’Asie était surtout représentée par les demandeurs d’asile originaires du Pakistan ou d’Afghanistan dont le contexte culturel, politique et social leur était familier. L’Église de Dieu Tout-Puissant, à l’inverse, leur était absolument inconnue. Grâce aux études menées par des chercheurs sur la Chine et l’Église de Dieu Tout-Puissant, la situation s’est maintenant améliorée, mais de nombreux problèmes et malentendus subsistent.
Quel rôle joue les ONG dans la prise en charge en Italie des réfugiés chinois en demande d’asile au titre de persécutions religieuses ?
Les ONG jouent un rôle fondamental en matière d’information et d’assistance. Prenons par exemple l’ONG que j’ai déjà mentionnée, « A Buon Diritto », une association basée à Rome qui a mis en place plusieurs points d’information dans la ville où les réfugiés et les migrants, y compris les demandeurs d’asile chinois, viennent chercher de l’aide au quotidien. Les ONG s’acquittent de diverses missions essentielles, par exemple lorsqu’elles donnent des informations utiles (telles que les démarches à entreprendre pour obtenir la protection internationale), lorsqu’elles proposent une assistance juridique gratuite et aussi un soutien psychologique, ce qui peut être important pour les demandeurs d’asile en vue de surmonter leurs traumatismes passés. Cette dernière est également pertinente pour les avocats qui peuvent s’appuyer sur une meilleure connaissance des souffrances passées endurées par les réfugiés pour les aider à obtenir la protection qu’ils recherchent.
Si j’en crois mes propres statistiques datant de fin octobre 2018, l’Église de Dieu Tout-Puissant a compté 724 demandeurs d’asile en Italie, ce qui en fait le troisième plus grand contingent après les États-Unis et la Corée du Sud. D’après les recherches que vous avez menées pour votre mémoire, pourquoi quittent-ils la Chine pour venir en Italie ?
Beaucoup de Chinois quittent la Chine pour obtenir la protection internationale pour des raisons religieuses, parce qu’ils sont persécutés dans leur pays du fait de la religion qu’ils pratiquent. C’est typiquement le cas de l’Église de Dieu Tout-Puissant. C’est un nouveau mouvement religieux chrétien, qui fait partie de la liste des xie jiao établie par le gouvernement chinois. Comme vos lecteurs le savent certainement, le gouvernement chinois considère les xie jiao comme des « sectes diaboliques » dangereuses pour la société et pour sa sécurité, et ils sont interdits et proscrits de Chine. Le régime chinois reconnaît et garantit officiellement la liberté religieuse, mais en réalité, ce que subissent les fidèles de l’Église de Dieu Tout-Puissant est terrible : ils racontent qu’ils sont persécutés, arrêtés et torturés.
Pour échapper à cette répression violente et pratiquer librement leur religion, ces réfugiés sont même prêts à quitter leur famille. Ils viennent en Italie parce qu’obtenir un visa touristique pour l’Italie est relativement aisé. Bien sûr, pour obtenir un visa, il faut un passeport. Parfois, leur appartenance à l’Église de Dieu Tout-Puissant n’étant pas connue de la police, ils n’ont pas eu de mal à obtenir un passeport. Parfois, ils ont eu recours à des noms d’emprunt, ils se sont fait arrêter sous un nom et ont fait faire un passeport sous un autre. Les bases de données d’empreintes digitales et de données biométriques en Chine devraient en principe empêcher cela, mais le système ne fonctionne pas parfaitement. Et parfois, ils réussissent à obtenir un passeport illégalement, puisqu’il est bien connu que la corruption est généralisée en Chine et il n’est pas très difficile de trouver des agents prêts à délivrer un passeport contre de l’argent.
Pouvez-vous expliquer la différence entre l’asile politique et la « protection subsidiaire » en Italie, et pourquoi vous défendez dans votre mémoire l’idée selon laquelle les membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant devraient au moins obtenir la protection subsidiaire ?
En Italie, il y a, ou plutôt il y avait, trois formes de protections : le statut de réfugié, la protection subsidiaire et la protection humanitaire. Cette dernière était une catégorie résiduelle et a été abolie par la loi adoptée le mois dernier.
La première, le statut de réfugié, offre le plus haut niveau de protection : elle dure cinq ans et garantit les mêmes droits en matière d’éducation, de travail et de santé qu’aux citoyens italiens. La protection subsidiaire est accordée quand les commissions ne parviennent pas à la conclusion que le statut de réfugié mérite d’être accordé, mais qu’elles reconnaissent que le demandeur d’asile vivait dans une situation de peur et courait le risque d’être condamné à de lourdes peines, y compris à mort, ou d’être torturé s’il ou elle rentrait dans son pays. La protection humanitaire était accordée à tous ceux, parmi lesquels les membres chinois de l’Église de Dieu Tout-Puissant, dont on considérait qu’ils se trouvaient dans une situation de « vulnérabilité particulière et temporaire ». Toutefois, la protection humanitaire va maintenant disparaître.
Au cours de mes entretiens, les avocats ont défendu de manière convaincante la nécessité d’accorder au moins la protection subsidiaire aux membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant parce qu’ils sont constamment et sincèrement dans la peur d’être menacés et persécutés, et montrent souvent de la méfiance envers leurs compatriotes de crainte d’être dénoncés au gouvernement chinois. Ce sentiment de peur s’inscrit en tout point dans les critères d’obtention de la protection subsidiaire. Bien sûr, les avocats cherchent d’abord à obtenir le statut de réfugié intégral sur la base de la persécution dont l’Église de Dieu Tout-Puissant fait l’objet en Chine.
Chaque réfugié qui demande l’asile est entendu par une commission territoriale. Qui siège dans ces commissions et comment fonctionnent-elles ?
L’entretien avec la commission territoriale est l’étape la plus importante du processus de demande d’asile, parce qu’elle détermine si le demandeur d’asile peut obtenir une protection internationale.
Avant 2018, il y avait quatre membres qui siégeaient à la commission : un agent du ministère de l’Intérieur nommé par son représentant local (« Prefetto »), un membre de la police, un membre d’une autorité administrative locale et un membre du HCR. Cependant, cette structure ne permettait pas à la commission de fournir une évaluation professionnelle et cohérente des cas traités, parce que ses membres n’avaient pas de formation adéquate dans ce domaine. En fait, il leur arrivait souvent de refuser la protection internationale aux demandeurs d’asile sur le fondement de motivations erronées.
Depuis juillet 2018, une nouvelle loi a modifié la composition de la commission : il y a toujours quatre membres qui y siègent, mais maintenant deux d’entre eux ont les compétences pour accomplir cette tâche et leur sélection fait l’objet d’un concours public, et les deux autres viennent du HCR et du ministère de l’Intérieur.
Au cours de mes entretiens, les avocats se sont unanimement plaints de ce que les membres de l’ancienne commission n’examinaient pas les dossiers de façon exhaustive durant les entretiens avec les demandeurs d’asile. Les avocats espèrent que la nouvelle composition des commissions permettra finalement de résoudre ce problème.
Avec qui vous êtes-vous entretenue des dossiers relatifs à l’Église de Dieu Tout-Puissant ?
Je me suis entretenue avec différentes personnes qui sont pleinement investies dans les dossiers qui concernent les réfugiés de l’Église de Dieu Tout-Puissant en Italie. Il y avait plusieurs avocats de Pérouse et de Rome, un juge du tribunal de Rome et des acteurs spécialisés d’ONG. Je reconnais une limite dans mon mémoire. J’ai tenté d’interroger les membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant eux-mêmes, mais cela s’est révélé impossible. Je dirais que ce problème est devenu partie intégrante de la matière première sur laquelle j’ai travaillé. Je suis persuadée que ce manque de confiance est souvent causé par la peur d’être trahi et dénoncé aux autorités chinoises. J’ai pour projet de poursuivre mes recherches sur ces réfugiés et espère être en mesure d’en interroger à l’avenir.
Si je m’appuie à nouveau sur mes propres statistiques datant d’octobre 2018, seuls 69 des 724 demandeurs d’asiles de l’Église de Dieu Tout-Puissant en Italie ont obtenu le statut de réfugié. Dans votre mémoire, vous faites allusion à quatre raisons pour lesquelles de nombreuses demandes d’asile formulées par des membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant sont rejetées. Examinons chacune de ces raisons en expliquant les objections dans le détail, et en les accompagnant des observations critiques que vous avancez dans votre mémoire.
Les entretiens que j’ai eus avec les avocats à Pérouse et Rome ont montré que la plupart des demandes d’obtention de la protection internationale formulées par les membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant sont rejetées par les commissions territoriales pour quatre raisons principales. Certaines décisions prises par les commissions sont ensuite annulées par les tribunaux qui accordent la protection. Mais pourquoi les commissions rejettent-elles les demandes en premier lieu ?
D’abord, parce que les commissions soutiennent que l’histoire personnelle du réfugié n’est pas crédible. Mais la façon dont elles parviennent à cette conclusion est discutable. Les commissions s’appuient sur ce qu’elles appellent les informations sur le pays d’origine ou COI (Country of Origin Information) pour se forger une prétendue connaissance de l’Église de Dieu Tout-Puissant. De nombreuses commissions ne prennent en compte que les COI contenues dans la base de données Refworld qui est gérée par le HCR. C’est une bonne base de données en temps normal. Mais malheureusement, comme l’ont démontré des chercheurs, les informations sur l’Église de Dieu Tout-Puissant sont obsolètes et certaines COI ne font que relayer la propagande chinoise.
Deuxièmement, les commissions ont souvent souligné le fait que les réfugiés de l’Église de Dieu Tout-Puissant ne connaissent pas leur propre religion. Je vois deux problèmes ici. D’une part, les commissions comparent là encore les réponses des réfugiés avec les COI, mais les COI présentent souvent un point de vue biaisé de la théologie de l’Église de Dieu Tout-Puissant. D’autre part, les commissions sont conditionnées par une vision religieuse qui résulte de leur mentalité occidentale et du fait que la plupart des Italiens ne connaissent qu’une seule religion, le Catholicisme. Pour certains membres des commissions, il est très difficile de comprendre la théologie d’une Église qui croit que Dieu Tout-Puissant est venu sur Terre à notre époque et s’est incarné en une femme.
Le troisième point débattu par les commissions concerne les documents de voyage obtenus par les demandeurs d’asile chinois. Certaines commissions soutiennent qu’il n’est pas crédible que des membres de l’Église de Dieu Tout-Puissant, qui sont traqués et contrôlés par la police chinoise, aient pu obtenir un passeport sans difficulté. Nous avons déjà examiné cette objection.
Quatrièmement, certaines commissions croient qu’il n’y aurait pas de risque particulier pour ces demandeurs d’asile à retourner en Chine. Tous les chercheurs qui ont étudié l’Église de Dieu Tout-Puissant affirment qu’elles ont tort. Si les demandeurs d’asile rentraient en Chine, ils seraient arrêtés, voire pire. Nous pouvons seulement en conclure que la raison de ces rejets par certaines commissions tient au manque de préparation de leurs membres qui ont souvent procédé à l’examen de leurs dossiers de manière superficielle, sans explorer les problématiques en profondeur.
Que peuvent faire les avocats et les ONG afin d’améliorer les chances des réfugiés de l’EDTP d’obtenir l’asile en Italie ?
D’abord, il est utile que tous ceux qui sont impliqués dans le processus de demande d’asile se familiarisent avec les ouvrages universitaires qui traitent de l’Église de Dieu Tout-Puissant. Et c’est ce qui est déjà en train de se produire. Il est vrai que jusqu’à présent, seules 9,5 % des demandes d’asile formulées par des membres de l’Église ont été accordées, mais la plupart des décisions favorables sont récentes et sont survenues suite à l’utilisation par les avocats des ouvrages universitaires les plus récents dans leurs dossiers.
Mes entretiens ont également mis en évidence la nécessité pour ces demandeurs d’asile d’être assistés à leur arrivée en Italie par une équipe médicale spécialisée capable de reconnaître les blessures et les stigmates causés par la torture ; par des psychologues qui seraient capables de détecter les traumatismes occasionnés par la persécution et le voyage qu’ils ont entrepris en quittant la Chine ; par des anthropologues ayant assez d’expérience pour assurer une médiation entre le grand fossé culturel entre l’Italie et la Chine. C’est de cette façon que les avocats et les ONG pourraient parvenir ensemble à favoriser la prise de conscience par les demandeurs d’asile de leur propre histoire, un élément très important en vue d’obtenir la protection internationale.