Les musulmans ne sont pas les seuls à être persécutés dans la province du Xinjiang ; les autorités ont désormais les yeux braqués sur les chrétiens qui font de plus en plus l’objet d’une surveillance rigoureuse.
En avril 2008, des agents du Bureau municipal des affaires religieuses d’Urumqi ont débarqué dans une église protestante des Trois-Autonomies du district de Midong, pourtant contrôlée par le gouvernement, et ont ordonné au responsable de l’église, Lin Feng (nom d’emprunt), de démanteler la croix. Ils ont menacé de faire usage d’un excavateur pour démolir l’église s’il refusait d’obtempérer. Le doyen de l’église, Lin, et les diacres ont été forcés à retirer la croix.
Peu de temps après, les agents du Bureau ont demandé de dresser un mât à l’entrée de l’église, et d’y hisser le drapeau national chinois. Chaque dimanche, les autorités et la police locale veillent à ce que les fidèles exécutent une levée des couleurs à laquelle la présence de tous est obligatoire. Les autorités ont également pris des mesures pour qu’un prédicateur parle des politiques nationales et des discours du Président Xi Jinping pendant le culte. Une équipe de surveillance a même été postée à l’église.
En 2017, les autorités locales ont installé 13 caméras à l’intérieur et à l’extérieur de l’église en vue d’assurer une surveillance complète, et ont également déployé quatre agents de police à l’entrée de l’église. Les fidèles doivent présenter leur carte d’identité pour accéder à l’église. Les membres de la congrégation rapportent que les agents de l’État les intimident en menaçant d’envoyer tout récalcitrant en « sessions d’études ».
L’église a tout récemment reçu la somme de 40 000 HKD (environ 5 000 dollars américains) d’un prédicateur basé à Hong Kong pour ses travaux de construction, suite à quoi les autorités locales ont accusé le doyen de l’église, Lin Feng, d’être « impliqué dans des activités de xie jiao », faisant ainsi de lui la cible principale des persécutions. Depuis la fin septembre 2017, la police a ordonné à Lin de se présenter toutes les semaines au poste de police local et au bureau du comité du village pour y signer des feuilles de présence. Par ailleurs, il doit se rendre disponible chaque fois que sa présence est requise.
Reportage : Li Zaili